1000 films pour aimer le Western

211-LE SALAIRE DE LA VENGEANCE de Phil Karlson (Gunman’s walk) 1958

                                     Lee Hackett (Van Heflin) est le plus gros propriétaire de la région, veuf il a deux enfants adultes à gérer, notamment l’ainé d qui se conduit de plus en plus mal. Celui- ci Ed (Tab Hunter) est hargneux raciste et violent allant lors d’une course pour attraper un beau cheval blanc pousser son seul concurrent un indien dans un ravin.

Son frère Davy (James Darren) plus tolérant, moins aigri et moins brutal refusant même de porter les armes refuse cette mentalité et s’allie avec la sœur du défunt Clee Chouard (Kathryn Grant) une métisse de père français et de mère indienne. Ed n’est moins condamné malgré le témoignage de deux indiens qui furent témoins mais un étranger neutre – en fait un perfide calculateur- affirme l’avoir été et ne point reconnaitre la culpabilité de Ed au grand plaisir de son autoritaire de père qui réfute la loi et la justice et porte la même haine que son fils dément envers la race indienne.

Ed non satisfait de ses actions, en développe d’autres  qui feront de lui un marginal, un paria pour la justice et son père las de le défendre. Et quand la première va pointer du nez ce sera lui qui désarmera son rejeton.

                                   Frank S. Nugent est un excellent scénariste qui travailla principalement pour John Ford lui fournissant d’excellents scripts (1) son scénario est d’une grande force aussi constructrice que ses personnages.la haine qui caractérise Ed et son père est la même que celle de John Wayne dans « La prisonnière du désert » aveugle, destructrice et violente , véhémence qu’il retourne souvent contre son géniteur jusqu’au duel démontrant un être impulsif , vif et conflictuel.

Le père n’est-il pas un être asocial faussement sociable prêt à tous pour couvrir les exactions de son fils, il est né avant les lois soit avant la démocratie et le partage des pouvoirs, il est Dieu le père et s’octroie tous les droits , il est la loi donc c’est lui qui tuera son fils devenu danger public .

                                  C’est l’intrusion de la tragédie grecque dans le western devenu de plus en plus psychologique et même psychanalytique. Le rapport basé sur la haine familiale face au père dans « Coup de fouet en retour » de John Sturges ou au frère « Libre comme le vent » de Robert Parrish pointe du nez durant cette décennie qui osait défier le politique et familialement correct.

Cette innovation fait de ce western sous-estimé réalisé par un cinéaste consciencieux aussi à l’aise dans ce genre qu’il fréquenta peu (La poursuite des tuniques bleues(1967)) et le polar qu’il défendit (Le quatrième homme(1952) -On ne joue pas avec le crime(1955)). Il fut aussi le faire valoir de Elvis Presley (Un direct au coeur1962) et Dean Martin(Matt Helm règle ses comptes)Phil Karlson arrive même à rendre crédible l’interprétation fade de Kathryn Grant joli brin, de fille mais actrice moyenne vue Le septièmevoyage de Sinbad1958et celle mielleuse deJames Darrendont le rôle n’est guère étoffé, acteur , chanteur et réalisateur de télé il est connu pour« Au cœur du temps »la série de science fiction créée en 1966 par Irwin Allen.Van Heflinest un comédien plus solide qui gagna un oscar pour Johnny roi des gangsters(1941)et que l’on vit dans deux chefs d’œuvre du genre : « L'homme des vallées perdues »(1953) » de Georges Stevens et3 H10 pour Yuma(1957)Tab Hunter acteur oublié lui vole presque la vedette tant il inonde l’écran de sa personne et de son personnage détestable , véritable psychopathe en mal d’être , désireux de se faire une place face au père autoritaire ; il est poignant dans« Lafayette escadrille »de William Wellman superbe dansLe cri de la victoire(1955) et drôle dans Polyester deJohn Waters1981

                          Ce film est à réhabiliter et à placer dans les films solides de cette décennie dont nous découvrons de plus en plus que sa richesse était immense.

(1) Le massacre de Fort Apacheet  Le fils du déserten 1948- La charge héroïque1949-La prisonnière du désert1956 entre autres

(*) Saluons le grand plaisir de redécouvrir et de découvrir des westerns parfois inédits  remastérisés et accompagnés de commentaires de 2 grands spécialistes Patrick Brion et Bertrand Tavernier avec parfois les bandes annonces originales et un documentaire sur le réalisateur